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Les posts Linkedin passent de 1.300 à 3.000 caractères : à qui profite cette évolution ?

Les posts Linkedin passent de 1.300 à 3.000 caractères : à qui profite cette évolution ?

LinkedIn passera prochainement (1) la taille des posts, que l’on peut publier sur son fil d’actualité, de 1.300 à 3.000 caractères. Derrière cette évolution, en apparence anodine, se cache toute la perversité des réseaux sociaux :  explication.

Mon confrère Christopher, toujours prompte à alimenter ma veille Linkedin (merci Christopher 😉 ) vient de publier ce post : 3000 caractères pour un post Linkedin, en soulignant les avantages et inconvénients de cette évolution :

Avantages

  • Plus d’espace pour développer vos idées
  • Partager des anecdotes plus longues. Un kiff pour les storytelling
  • Flirter avec l’algorithme car le temps de lecture est plus long
  • Certains n’auront plus besoin de finir leurs posts en commentaires

Inconvénients

  • Certains créateurs vont écrire des tartines pour draguer l’algo
  • Les gens feront moins l’effort d’être concis et captivants
  • L’attention des gens ne va pas augmenter pour autant
  • Certains posts ressembleront à un papyrus tellement il y aura de sauts à la ligne

Quand je vois ce type d’évolution sur les réseaux sociaux – présentement sur Linkedin – je me pose toujours la question : à qui ça profite ?

Et la réponse apparente est « aux utilisateurs ». Mais que nenni : la bonne réponse est « à Linkedin », voire « à Linkedin aux dépends des utilisateurs » et la raison est simple : tout est une affaire de valeur ajoutée.

Tout est une affaire de valeur ajoutée

Pour bien comprendre l’évolution de la « valeur ajoutée », je vous propose de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur de l’histoire de la valeur ajoutée – la « VA » – en 4 temps

Temps 1 – de Jules César à Louis XIV

A la grande époque de Jules César à Louis XIV la main d’œuvre ne coutait quasiment rien, c’était la matière qui était la valeur ajoutée. Il faut dire que quand une personnalité construisait un temple, un château ou une cathédrale, il fallait d’énormes quantités de matière (essentiellement de la pierre, du bois, de la terre cuite (tuiles), de l’ardoise, du cuivre et du plomb) comme nous le démontrent les châteaux et cathédrales.

Et le transport de ces matières premières étaient un défi, d’où le fait que nombre de ces constructions étaient bâties à proximité des voies d’eau. Certains, comme le Maréchal Vauban (mon mentor), construisaient des canaux pour assurer le transport des matériaux, comme le canal qui a été creusé de la Haute-Deûle jusqu’à la citadelle de Lille.

Temps 2 – le XIXe siècle  

Début de l’industrialisation (et du syndicalisme) : la main d’œuvre devient de moins en moins malléable (cf. Germinal, Émile Zola), avec le début du machinisme à vapeur la matière est plus accessible, notamment la matière transformée typiquement illustrée par la révolte des canuts (Lyon 1831, 1834 et 1848) et le développement de l’industrie du textile dans le nord.

Le vent tourne, les prix des produits manufacturés diminuent, le coût du temps de travail commence à augmenter.

Temps 3 – le XXe siècle

Transformation de l’industrie – notamment via les 2 guerres mondiales où l’innovation a été considérable – avec l’électricité et l’informatique : la robotisation est accessible au plus grand nombre (cf. imprimantes 3D). Point important où les coûts des transports associés aux volumes des échanges a considérablement fait chuter les prix de fabrication.

Christian Saint-Etienne nous explique très bien cette histoire de l’industrie dans son livre France État d’Urgence (voir la vidéo de cet article)

Temps 4 – le XXIe siècle, celui des réseaux sociaux

Révolution Internet et explosion de l’information : la valeur qui coûte de plus en plus cher est désormais notre temps de cerveau disponible ! Nombreux sont les acteurs (presse/média, réseaux sociaux, entreprises) à tout faire pour le capter. Et ce temps de cerveau disponible commence à coûter cher… très très cher.

Et Linkedin dans tout ça me direz-vous…

En augmentant la taille des posts, Linkedin a simplement pour objectif de capter notre temps de cerveau disponible sans que ça leur coûte, puisque c’est un petit nombre d’utilisateurs qui vont publier de longs posts, qui seront lus par un grand nombre d’’utilisateurs (cf. loi de la pyramide de l’influence 1% + 9% + 90%). Les dindons de la farce comptez-vous !

Linkedin est certes un outil de première importance, mais n’oubliez pas que plus de 9 personnes sur 10 font leurs recherches d’informations, de fournisseurs et de prestataires de services, d’abord et avant tout via Google !

Dans le même esprit, depuis peu Linkedin permet aussi de publier des articles sur les pages entreprises. Nouvelle fonction qui poursuit un objectif du même ordre : faire que les entreprises privilégient Linkedin pour publier leurs articles plutôt qu’un blog. Et je vous recommande de réfléchir à 2 fois avant de faire le choix Linkedin au lieu d’un blog, car quand on recherche des infos sur un produit ou un service, on passe dans 96 % des cas (2) par Google : c’est donc avant tout par Google qu’il faut être visible, d’où l’intérêt du blog versus publications sur les réseaux sociaux.

Je ne dis pas qu’il est inutile de publier sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Linkedin, Twitter, …), je souligne simplement que la priorité des priorités est d’avoir un blog pour être visible des moteurs de recherche, au premier rang desquels Google qui détient 96% de parts de marché en France ! CQFD. 

Il ne faut pas être devin pour constater que plus on cible les CSP+, plus le prix à mettre pour capter de leur Temps de Cerveau Disponible (TCD) est élevé. Isn’t it

télécharger le programme de formation

L’Apocalypse cognitive

N’oubliez jamais qu’un de nos biens les plus précieux est notre temps de cerveau disponible. Et si vous n’en n’êtes pas encore convaincu, je vous recommande le dernier livre de Gérald Bronner : Apocalypse cognitive, dont je vous livre la 4e de couverture et son intervention sur France Inter le 6 janvier 2021.

Au départ, ce constat : notre monde se caractérise par une « disponibilité mentale » de ses habitants qu’aucune autre société n’a connue. Depuis un siècle, la durée du temps que nous pouvons chaque jour consacrer à nous instruire, nous distraire ou réfléchir a été multipliée par huit. Ce trésor inestimable, qu’en faisons-nous ? Nous le dilapidons allègrement en millions d’heures consacrées au porno, aux jeux, à quantité de satisfactions immédiates addictives… au détriment d’élaborations plus durables et, à terme, plus utiles.

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(1) dans l’aide en ligne Linkedin « Publication et mises à Partager jour » du 25 mai 2021 (le traducteur automatique Linkedin est perfectible) 3.000 caractères est la taille annoncée des posts. Taille qui s’applique probablement au marché US mais pas encore en France à l’heure où je publie cet article.

(2) La part de marché de Google en France s’élève, en 2020, à 85 % sur les ordinateurs et à près de 97 % sur les appareils mobiles, hors tablettes (source : statista, 22 oct. 2020)

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